L’ouragan Milton, devenu catégorie 5, a frappé la Floride avec des vents violents et des inondations. Alimenté par des eaux exceptionnellement chaudes, il illustre les impacts croissants du réchauffement climatique.
L’ouragan Milton
L’ouragan Milton, formé début octobre 2024, est rapidement devenu l’un des ouragans les plus destructeurs de la saison dans l’Atlantique. Ce phénomène a intensifié en quelques jours pour atteindre la catégorie 5, avec des vents atteignant plus de 250 km/h avant de toucher les côtes de la Floride. Ce qui rend Milton particulièrement notable, ce sont les conditions favorables qui ont permis son intensification rapide, notamment la chaleur exceptionnelle des eaux du Golfe du Mexique. Les températures de la surface de la mer ont atteint des niveaux records cette année, fournissant le carburant nécessaire pour que Milton devienne l’une des tempêtes les plus intenses jamais enregistrées dans le bassin atlantique.
La tempête a provoqué des évacuations massives et des destructions importantes dans des zones côtières comme Tampa, où les prévisions parlaient de dommages potentiellement “catastrophiques” et d’une reconstruction pouvant prendre des mois. Des vents violents, des inondations et une onde de tempête importante ont forcé des millions de personnes à quitter leur domicile, soulignant la force destructrice croissante des ouragans dans une région de plus en plus vulnérable à ces événements climatiques extrêmes.
Les ouragans : un aperçu global
Les ouragans, ou cyclones tropicaux, sont des phénomènes météorologiques puissants qui se forment au-dessus des eaux tropicales et subtropicales, où l’humidité et la chaleur sont suffisantes pour alimenter de vastes systèmes de basse pression. Ils sont caractérisés par des vents violents, des pluies torrentielles et une onde de tempête capable de causer des inondations massives. Les ouragans sont classés en fonction de leur intensité, mesurée par la vitesse du vent, selon l’échelle de Saffir-Simpson, allant de la catégorie 1 à la catégorie 5.
Le développement d’un ouragan commence généralement par une perturbation atmosphérique, qui se transforme progressivement en dépression tropicale, puis en tempête tropicale lorsque les vents atteignent 62 km/h. Si les conditions restent favorables — c’est-à-dire une faible quantité de cisaillement du vent, une humidité élevée, et des températures de l’eau dépassant les 26,5 °C — la tempête peut continuer à se renforcer et devenir un ouragan. Lorsque les vents dépassent 252 km/h, l’ouragan atteint la catégorie 5, le niveau le plus destructeur.
Les régions les plus touchées par les ouragans sont celles situées autour de l’Atlantique Nord, du Pacifique occidental et de l’océan Indien. L’Atlantique, en particulier, connaît une saison des ouragans entre juin et novembre, avec un pic d’activité en septembre. Dans cette zone, des zones comme les États-Unis, les Caraïbes et le Mexique sont régulièrement frappés par des tempêtes qui causent des milliards de dollars de dommages et entraînent souvent des pertes humaines.
L’impact du réchauffement climatique sur les ouragans
Depuis plusieurs décennies, les scientifiques étudient l’impact du réchauffement climatique sur les ouragans. Il existe des preuves solides indiquant que le réchauffement global amplifie la fréquence et la puissance des ouragans, tout en modifiant leurs trajectoires et leurs impacts.
Températures océaniques plus élevées
Le principal effet du changement climatique sur les ouragans réside dans l’augmentation de la température de la surface des océans. La chaleur des océans est l’un des principaux moteurs des cyclones tropicaux, car elle fournit l’énergie nécessaire à leur intensification. Plus les eaux sont chaudes, plus l’ouragan a de chances de devenir puissant. En 2024, par exemple, les températures dans le golfe du Mexique étaient exceptionnellement élevées, dépassant de 1 à 2°C les moyennes saisonnières. Ces eaux plus chaudes ont facilité l’intensification rapide de l’ouragan Milton, qui a gagné en puissance en un temps record.
Cette tendance des températures océaniques à la hausse est liée à l’augmentation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Alors que l’océan absorbe une grande partie de la chaleur excédentaire due aux activités humaines, cette énergie supplémentaire se retrouve dans les systèmes météorologiques qui y prennent naissance. Ainsi, non seulement les ouragans deviennent plus puissants, mais ils peuvent aussi se former plus tôt dans la saison ou dans des zones autrefois moins vulnérables.
Précipitations accrues
Une autre conséquence du réchauffement climatique sur les ouragans est l’augmentation des précipitations. En effet, une atmosphère plus chaude peut contenir plus d’humidité, ce qui entraîne des précipitations plus intenses lorsque cette humidité est libérée lors d’une tempête. Les ouragans récents ont démontré cette tendance, avec des épisodes de pluies torrentielles qui provoquent des inondations catastrophiques à l’intérieur des terres, bien après le passage de la tempête sur les zones côtières.
Milton a également apporté des quantités importantes de précipitations, avec des inondations importantes dans plusieurs villes floridiennes. Ces épisodes de pluie abondante augmentent les risques de glissements de terrain, d’érosion côtière et d’inondations soudaines, qui peuvent rendre les zones touchées inhabitables pendant de longues périodes.
Augmentation des ondes de tempête
L’onde de tempête — l’élévation rapide du niveau de la mer provoquée par les vents violents d’un ouragan — est l’une des causes les plus meurtrières et destructrices associées aux ouragans. L’élévation du niveau de la mer, provoquée par la fonte des glaces polaires et la dilatation thermique de l’eau de mer, accentue ces ondes de tempête. Par conséquent, même des ouragans de moindre intensité peuvent causer des inondations dévastatrices en raison de cette montée plus élevée du niveau de l’eau. L’ouragan Milton, par exemple, a suscité des inquiétudes quant à une onde de tempête massive le long de la côte du golfe de Floride, aggravée par l’élévation du niveau de la mer dans la région.
Ouragans plus lents et plus durables
Le réchauffement climatique semble également influencer la vitesse de déplacement des ouragans. Certaines études suggèrent que les ouragans deviennent plus lents, ce qui signifie qu’ils passent plus de temps au-dessus des zones touchées, augmentant ainsi la quantité de pluie et la durée des vents destructeurs. L’ouragan Harvey en 2017 est un exemple frappant de cette tendance, ayant stagné au-dessus de Houston pendant plusieurs jours, causant des inondations historiques. Ce type de comportement pourrait devenir plus fréquent à mesure que le climat se réchauffe.
Ouragans hors saison
Enfin, il semble que le réchauffement climatique allonge la saison des ouragans, avec des tempêtes formées plus tôt ou plus tard que d’habitude. Des ouragans se forment désormais au début de l’été ou à la fin de l’automne, alors que les eaux restent plus chaudes plus longtemps. La saison 2024, avec l’ouragan Beryl en juillet et Milton en octobre, reflète cette tendance.
Faire face à une nouvelle réalité
Les ouragans comme Milton nous rappellent que le réchauffement climatique exacerbe les risques météorologiques auxquels nous sommes confrontés. Bien que les ouragans aient toujours existé, leur fréquence, leur intensité et leur impact semblent désormais amplifiés par l’activité humaine. Il devient essentiel de mieux comprendre ces phénomènes pour s’y préparer, qu’il s’agisse de mettre en œuvre des stratégies d’adaptation pour les communautés côtières ou de limiter les émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale pour atténuer les impacts à long terme.